Activités passées

Brunch rouge de la Saint-Valentin

par Jean-Claude Caron

Le 11 février 2007, plus de 80 Robitaille, de souche ou par alliance, se sont réunis au Petit Coin Breton de Place de la Cité pour fraterniser, célébrer la Saint-Valentin et entendre Louise Robitaille nous entretenir de la Chine.

À l'occasion de cette fête des amoureux, l'ambiance était très colorée, mais plutôt unicolore : le rouge. Le rouge de l'amour, le rouge de Mao, le rouge de la Chine. Toutes et tous portaient du rouge. Le mot d'ordre avait donc été respecté.

Après un copieux déjeuner, au cours duquel les conversations animées étaient enrichies des éclats de rire qui fusaient de partout, nous eûmes le privilège d'entendre une conférencière hors pair nous entretenir pendant près de deux heures d'un sujet qui lui tenait à cœur, la Chine. Elle nous fit visiter virtuellement de nombreux coins de cet immense empire dont l'origine remonte presque à la nuit des temps.

Cet immense état asiatique, baigné par le Pacifique, partage ses frontières avec 14 pays. Sa superficie est de 9 600 000 km2 où vivent 1 235 000 000 de Chinois, soit une densité de 128 habitants par km2 (le Canada, avec sa superficie de 9 975 000 km2 et sa population de 30 millions d'habitants, a une densité de 3 habitants par km2). Les deux tiers de la superficie est constituée de régions en haute altitude et les deux tiers de la population est concentrée dans les plaines du sud est.

L'histoire de la Chine débute très loin dans le temps. La dynastie légendaire des Xia remonte à la période s'étendant entre le XXIe s, et le XVIIIe s. av. J.-C., suivie de la civilisation du bronze, née sou les Shang, jusqu'en 1025 av J.-C., puis celle des Zhou du Ve s. au IIIe s. qui voit naître Confucius et sa doctrine.

La Chine impériale prend la relève jusqu'à la conquête mongole, laquelle établit sa domination sur tout le pays de 1279 à 1368. Ce fut alors la dynastie des Yuan. Cette dernière tomba aux mains de Zhu Yuanzhang, fondateur de la dynastie des Ming. Puis, en 1644, les Manchous fondent la dynastie des Qing qui perdura jusqu'en 1911 alors que se succéderont la République de Chine (1911-1937) et la République populaire de Chine (1949-1976). De 1937 à 1949, la Chine fut graduellement envahie et occupée par le Japon.

Au-delà de cette courte rétrospective historique, il y a la vie du peuple lui-même, ses traditions, ses religions, ses réalisations.

Il est difficile en quelques lignes de résumer une causerie de près de deux heures et de commenter les quelque 400 diapositives qui ont soutenu les propos de la conférencière. Je me limiterai donc à quelques-unes parmi celles qui m'ont le plus impressionné ou dont les explications sont demeurées plus présentes à ma mémoire.

La population de la Chine est constituée à 94% de Hans, les véritables chinois. Les autres sont répartis entre 55 minorités dont les Manchous, les Mongols, les Tibétains, les Huis, etc.

Depuis 1950, la langue officielle est le mandarin. Elle est le résultat d'une refonte du chinois écrit par la simplification des caractères et l'enseignement d'une langue commune standard.

La Chine, c'est la société patriarcale, la dévotion aux ancêtres. Souvent, plusieurs générations vivent ensemble dans une même résidence. Le souvenir des empereurs est perpétué dans le Temple du ciel. Construit sur un site de 3 km de longueur, où les centaines d'allées et de portiques sont orientés vers le ciel, les empereurs y sont enterrés dans 13 tombeaux que l'on retrouve le long du circuit. L'allée des esprits, quant à elle, mesure 1 km de longueur et est bordée de sculptures représentant des figures de mandarins et d'animaux aux formes variées : éléphants debout, couchés ou assis, chimpanzés, chevaux.

La capitale est Beijing (autrefois Pékin) avec quelque 19 millions d'habitants (incluant le port de Tianjin, situé toutefois à 140 km). On y retrouve la Cité interdite au sein de laquelle 350 brûle-encens envoient dans l'atmosphère des volutes d'arômes variés et où l'on côtoie pas moins de 395 récipients d'eau (en prévision d'éventuels incendies), tous décorés de symboles caractérisant la philosophie chinoise. Le symbolisme y est donc omniprésent, ici comme d'ailleurs. Des symboles, il y en a partout. Ils rappellent la fertilité, la postérité, les ancêtres, l'empereur.

Beijing est la première destination touristique de la Chine. C'est la vieille capitale impériale. On y vient pour la Cité interdite et aussi pour la Grande Muraille dont le point de départ voisine la ville. Cette Grande Muraille de Chine s'étend sur plus 6 000 km de longueur et sépare la Chine de la Mongolie. Débutée au IIIe s., sa construction s'est poursuivie jusqu'au XVIIe s.

Beijing, c'est aussi la place Tianan men rendue célèbre lors du massacre de 1989. Cet événement tragique a mis en évidence, au plan mondial, la réforme politique chinoise. Cette place s'étend sur 4000 me. On y admire un mausolée dédié à Mao, le Palais du Peuple dont la salle principale peut contenir 2000 convives, ainsi qu'un grand musée.

Chang-Hai (Sanghai), avec ses 12 500 000 d'habitants, est une municipalité indépendante. C'est la ville de Chine qui a la plus grande superficie et la plus grande densité de population. Elle est ceinturée par 14 km de murailles dont quatre portes, une à chaque point cardinal, contrôlent l'entrée de la ville. Les terres sont disposées en terrasses et on y cultive le blé et le riz qu'on récolte à la main. La faucille semble inconnue. Avec les villes des provinces environnantes de Jiangsu et de Zhejiang, elle forme le centre économique de la Chine.

Suchow, dont Marco Polo affirma qu'elle était la plus belle ville de Chine, possède un canal très achalandé, long de 1400 km, traversé par de nombreux ponts surmontés d'arches magnifiquement ciselées. Sur ses bords on retrouve de fastueuses résidences avec jardins intérieurs intégrés à la nature; les quatre saisons y sont représentées par la végétation caractéristique à chacune, le tout orienté selon les saisons et en fonction des points cardinaux. Au centre des jardins, plusieurs pavillons sont spécifiques selon l'usage auxquels ils sont destinés : lecture, musique, art, et ils épousent des formes très variées. Au cours des ans, des « penjin! » ont été créés. Ce sont des arbres ou arbustes miniaturisés comme les bonsaïs. Autour de cette ville lacustre, coulent de nombreux canaux au bord desquels plusieurs maisons de thé servent cette boisson divine.

La route de la soie, aussi connue des Romains, a beaucoup contribué à faire connaître la Chine. Tchi Tshuan, un Mongol qui a unifié la Chine, alla même chercher des chevaux au Pakistan pour les échanger contre des ballots de soie. Il en aurait ainsi importé plus de 25 000. La route de la soie, c'est aussi la route du thé, la route des chevaux, la route de la porcelaine. Les cocons du vers à soie, après avoir été triés, sont ébouillantés et on y prélève délicatement le fil dont la longueur, pour chaque cocon, peut atteindre 1 km de longueur. Par la suite, c'est le tissage, ouvrage délicat demandant beaucoup de patience et de dextérité.

Au-delà des magnifiques paysages, temples et habitants de la Chine, Louise Robitaille nous a entretenus des diverses religions ou philosophies pratiquées en Chine, toutes fondées il y a plus ou moins 500 ans av. J.-C. Tout d'abord, le confucianisme, fondée par Kung tzu, ou Confucius, le taoïsme fondé par Lao Tzu (ou Tzeu), le bouddhisme fondé par Siddharta Gautama (Bouddha) et enfin l'islamisme fondé par Mahomet. Tout comme la route de la soie, on retrouve en Chine la route du bouddhisme et la route de l'Islam. Mahomet répétait à souhait qu'il n'était pas un agriculteur mais un chamelier. Sa religion, il l'a élaboré pour les gens de son peuple constitué de chameliers, de commerçants, de voyageurs. Comme ils étaient toujours sur la route, donc sans endroit précis pour prier, la philosophie de la prière, sur un simple tapis déroulé sur le sable, était toute indiquée. La route de l'Islam quitte La Mecque, passe par Damas, Bagdad, la vallée de l'Indus, IslamabadXian, Datong et se rend jusqu'à Luoyang. Celle du bouddhisme part de Varanasi (Bénarès) en Inde, remonte le Gange, passe par Delhi … Lahore, Islamabad, Kashi et la Route de la Soie jusque dans l'est du pays.

L'est de la Chine, ce sont les plaines céréalières, les grandes rizières, le peuple sédentaire des Hans, les grands temples, les jardins, les temples bouddhistes, les grottes des falaises de Datong et de Luoyang. C'est là que le peuple parle le chinois et adhère au confucianisme, au taoïsme ou au bouddhisme.

Dans l'ouest de la Chine, on retrouve de grandes chaînes de montagnes (Tian Shan, Karakorum, Himalaya), de grands déserts (Taklamakan, Gobi), des oasis, des pâturages, de nombreuses mosquées, des ensembles de grottes bouddhistes sculptées dans les falaises qui surplombent la Route de la Soie. Les peuples y sont nomades et la population est à 90% musulmane. La langue est le turco-mongol. C'est là qu'on retrouve les ouigours, les kazaks, les kirzigs, pasteurs qui accompagnent leurs troupeaux dans les pâturages. Mais ce ne sont pas des chinois. D'ailleurs leur faciès en est la preuve évidente.

Plusieurs autres diapos mériteraient d'être décrites, telles Kachkar (Kashi) avec son temple de type mongol, en poils de chameau, ses immenses dunes, son marché; la ville de Turfan, sise dans le désert et à 340 m sous le niveau de la mer, à l'est du Mont T'ien Shan, avec sa mosquée et ses minarets en terre séchée; le tombeau de l'empereur Qin Shi Huangdi (221 av. J.-C.) gardé par quelque 12 000 soldats, modelés en terre cuite, grandeur nature, et alignés dans une tranchée; des pagodes; les cinq principaux centres de pèlerinage en Chine; les beautés de la vallée de la Li où l'irrigation permet aux paysans chinois de nourrir 20 % de la population planétaire en utilisant seulement 7 % de la terre arable du monde; les beautés des fleuves Yangzi Jiang (Fleuve Bleu), Huang Fe (Fleuve Jaune) et Xi Jiang (Fleuve de l'ouest), etc.

Ces quelques lignes ne sont donc qu'un aperçu de cet intéressant exposé qui nous a donné le goût d'alimenter nos connaissances par des lectures ou encore mieux par le rêve d'un voyage au pays de Mao.

Merci, Louise, pour cet intéressant cours d'histoire, trop court à mon avis, mais combien enrichissant. Avec quel enthousiasme tu nous as plongés dans ce monde mystérieux de la Chine, avec quelle érudition tu nous as initiés aux mœurs séculaires et énigmatiques de ce grand peuple.

J'espère que la lecture de cet article aura suscité un peu d'intérêt chez les membres qui n'étaient pas présents. Si c'est la cas, bravo, car ils ne voudront surtout pas manquer la prochaine activité de l'Association.

puce puce puce

Mise à jour 27 mai 2007

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