Activité

Brunch de la Saint-Valentin

le dimanche 10 février 2008


L'Inde … un pays mystérieux, mythique ou mystique?

Jean-Claude Caron

Louise et son Sari bleu« Pour trouver la Vérité en tant que Dieu, la voie inévitable est l'Amour, c'est-à-dire la non-violence ». Mohandas Gandhi dans Lettres à l'Ashram

La Saint-Valentin est le moment tout désigné pour une rencontre des Robitaille puisque c'est la fête de l'amour que nous partageons toutes et tous les unes et les uns envers les autres. À constater la réponse spontanée des participantes et des participants à porter du rouge, il n'y a aucun doute, les Robitaille débordent d'amour.

Comme d'habitude, la joie était à l'honneur et les conversations animées. La décoration de la salle, due à Louise Robitaille-Roy, à Nicole et à Claire Robitaille n'était pas étrangère à cette ambiance de fête. Et que dire du brunch! Le talent de notre chef cuisinier ne se dément pas et les mets n'ont pas été lents à disparaître dans les assiettes … et les estomacs. Merci à Yvan et à ses aides, Pierre et René.

Une fois le gâteau de l'amour servi, le vrai dessert nous est présenté : la conférence de Louise Robitaille-Roy. Comme la dernière fois, c'est un vrai plaisir de l'entendre. Dynamique, possédant son sujet à la perfection, le temps a passé très vite malgré les quelque 250 diapositives qui ont servi à illustrer ses propos très intéressants au point où les demandes de compléments d'information ont été nombreuses à la fin de l'exposé. Vêtue d'un magnifique sari bleu, on se serait cru en présence d'une véritable indienne, d'autant plus que son mari qui agissait a titre de projectionniste, avait revêtu lui aussi la tenue de la haute classe indienne.

J'ai intitulé le compte rendu de cette conférence : l'Inde, pays mystérieux, mythique ou mystique. Ce sont les réminiscences de mon enfance qui se sont allumées. Nous sommes au début des années 1930. L'Inde est ce pays d'épices que les Européens cherchaient lorsqu'ils ont découverts l'Amérique. L'Inde, ce sont les palais somptueux, décorés de fresques en or. L'Inde, ce sont des maharajas vêtus de soieries multicolores, admirant des danseuses dont les vêtements de tulle laissaient deviner les formes gracieuses de ces servantes. L'Inde, c'était aussi ces brahmanes aux pouvoirs mystérieux. Louise a su ressusciter ces notions de ma jeunesse et me faire réellement connaître un pays merveilleux, tant par sa géographie, son histoire, ses traditions et ses habitants.

Louise et Paul-ÉmileL'Inde est située au sud de la chaîne himalayenne, en Asie, plus spécialement dans le sub-continent indien, à peu près à la même latitude que le Mexique. Ses frontières sont contiguës à celles du Pakistan, de la Chine, du Népal, du Tibet et du Bangladesh. C'est le pays le plus populeux de la planète, après la Chine, malgré une superficie à peine égale au tiers de cette dernière. Ayant la forme d'un triangle qui s'avance dans l'Océan Indien, la côte ouest baigne dans la mer d'Oman et la côte est dans le golfe du Bengale. L'Inde est divisée géographiquement parlant en deux grandes zones. La partie qui avoisine l'Himalaya est une immense plaine formée par les alluvions de l'Indus et du Gange. La culture du riz y est fort développée. La partie plus au sud, qui occupe près des deux-tiers du pays est constituée de série de plateaux qui forment de gigantesques marches d'escalier conduisant à la mer, ce sont les Ghates; celles plus au sud ont plutôt une forme montagneuse. Cette région est plus propice à l'élevage.

Au nord de l'Inde on retrouve une population très métissée, confinée qu'elle était à cause d'une sorte de barrière géologique du territoire que sont les monts Vindhyas. Le sud est peuplé de populations diverses, donc moins fortement métissées. Les traits faciaux des indiens du nord (type mongoloïde) sont très différents de ceux du sud (type turco-iranien). La civilisation Indus est l'une des plus grandes civilisations dont l'origine remonte à environ 4000 ans av. J.-C. et qui a connu son apogée entre 2500 et 1750 ans av. J.-C. Elle demeure encore bien mystérieuse sous plusieurs aspects, dont celui de l'écriture, de la langue, de la religion et des causes de la disparition de ces peuples qui ont construit d'immenses cités, parfaitement organisées.

Malgré cette diversité extrême des races, des cultures et des traditions, le monde indien est profondément unifié par l'indouisme, religion de près de 90 % de la population, et par le tissu social. La société est divisée en quatre ordres : les brahmanes, les prêtres et les enseignants; les kshatriyas, les rois, les guerriers; les vaicyas, les commerçants; les sudras, les cultivateurs, les artisans. Pour bien comprendre ce système de castes, une distinction fondamentale s'impose. La société démocratique repose sur la reconnaissance de la liberté individuelle, sur l'égalité des hommes entre eux. Selon le système des castes, la société n'est pas égalitaire, mais foncièrement hiérarchique. L'individu n'existe que comme fragment d'un groupe et il n'est pas libre dans la vie présente. Même si parfois ses conditions de vie pourraient être meilleures, il les accepte car il sait que, lors de sa réincarnation, il s'élèvera dans une caste supérieure, à la condition qu'il ait bien vécu sa vie dans sa caste antérieure. Deux traits essentiels en découlent : l'endogamie, c'est-à-dire l'obligation de se marier seulement avec une personne de la même caste, et la commensalité, c'est-à-dire l'interdiction d'accepter de la nourriture d'une personne qui n'est pas du même statut ou d'un statut supérieur; de même il ne peut en donner qu'à des gens du même statut ou d'un statut inférieur. Au fond de tout cela, c'est la notion de pureté, le jati, ou d'impureté relatives. Tout ce qui touche au corps, à l'animalité, à la mort, est considéré comme polluants. En dehors de cette échelle sociale, il y a les impurs ou harijans qui occupent les fonctions les plus polluantes : fossoyeurs, balayeurs, éboueurs, etc. Gandhi les appela les enfants de Dieu. Cette appellation de impur ou harijan est interdite depuis la constitution de 1950.

Après cette intéressante introduction, Louise nous entretient de quelques cités en suivant la côte de la pointe sud et en remontant vers le nord pour revenir jusqu'à l'intérieur des terres : Madras, Tharijavur, Madurai, Cochin, Bombay, New Dehli et Bénarès. Ce voyage en diapos lui permettra de compléter ses explications et de nous mettre en contact avec la vie quotidienne de ce peuple méconnu. Certaines informations, dans le contexte de l'une ou de l'autre de ces villes citées, peuvent être d'information générale et pas nécessairement reliées à la ville en question.

Madras

La population de Madras est de plus de 5 millions d'habitants. On y retrouve un port de mer très important. La ville est le siège de plusieurs industries textiles (surtout le coton) et de produits chimiques. On y retrouve des monuments anciens et un musée de grande importance. Les palais somptueux ont été adaptés pour recevoir les touristes qui sont logés dans des pièces aux dimensions gigantesques.

Sur certaines routes, la circulation est très difficile lors que les habitants entreposent leurs graminées (surtout le foin) en bordure du chemin. Et c'est encore plus dramatique lorsqu'ils y exécutent l'opération du battage.

Tharijavur

À quelque 500 km plus au sud de trouve la ville de Tharijavur avec une population d'environ 250 000 habitants. On y retrouve des monuments anciens dont le grandiose sanctuaire shivaïte de Brihadishvara, élevé vers l'an 1000, devenu maintenant un musée. Elle est la dernière capitale de la dynastie des Cola. C'est aussi un lieu de pèlerinage.

La vache est une richesse pour l'indien. Non seulement pour son lait, mais aussi pour ses excréments qui servent, une fois séchés, de combustible, le bois étant excessivement rare. Le long des cours d'eau, les femmes lavent leur linge et, parfois, le font sécher sur les rochers. Les gens sont ingénieux, à preuve ces fermiers, pauvres, qui fabriquent leur cordage en tressant des fils de chanvre.

Madurai

Cette ville d'un peu plus d'un million d'habitants est le siège d'une université. Les brahmanes y ont dominé entre le Xe et le XVIIe s. Ils ont laissé en héritage le temple Minaksi dont on peut admirer les nombreuses enceintes rythmées de gopuras monumentaux (les gopuras sont des pavillons pyramidaux des temples hindouistes). Ces temples sont remplis de sculptures de divinités. Avec ses 30 000 dieux, il est surnommé le panthéon des Dieux. À l'entrée de plusieurs temples, on retrouve de grands bassins dans lesquels les fidèles doivent se baigner avant d'entrer dans le lieu sacré.

Plus haut, nous parlions de l'importance de la vache pour l'indien. En Inde, la vache est, en plus, un animal sacré auquel on doit respect. Elle erre souvent en liberté dans les rues. On évalue à environ 30 000 000 le nombre de vaches qui sillonnent les routes en toute liberté! Heureusement que les véhicules moteurs sont peu nombreux. Malgré tout, lorsqu'on voyage en Inde, il ne faut pas être pressés. La route ne nous appartient pas.

Un autre animal y est apprécié, l'éléphant. On le retrouve surtout dans le nord où il est utilisé pour divers travaux dont le transport des troncs d'arbres. Mais sa population est en déclin et, depuis 1950, il est protégé, de même que le rhinocéros, l'alligator, le héron et le cormoran.

Cochin

Cette ville est un ancien comptoir portugais (1502-1663) puis néerlandais (1663-1795). Sa population dépasse les 1 200 000 habitants. Une quadruple culture caractérise cette région. D'abord, le thé, dont on ne cueille que les trois petites feuilles terminales de chacun des plants. Imaginez le nombre de plants nécessaires pour la production annuelle d'environ 900 000 tonnes. Vient ensuite la culture de l'hévéa, grand arbre dont on extrait le latex, un peu comme notre eau d'érable, pour fabriquer le caoutchouc. La production annuelle est d'environ 650 000 tonnes. Ensuite la canne à sucre, d'une hauteur variant de 2 à 5 m, dont la production atteint près de 300 000 000 de tonnes. C'est un métier excessivement exténuant dû à l'énergie déployée pour couper les tiges et ensuite en tailler en cubes, ainsi qu'à la chaleur extrême que doivent endurer les travailleurs. Enfin, la culture du maïs, essentielle à l'alimentation quotidienne par les 12 000 000 de tonnes de farine qu'on en extrait. Les maisons sont construites en briques. Mais contrairement à nos techniques, les briques ne sont pas cuites mais séchées au soleil. Ses habitants ont le visage plus noir et les traits plus contrastants. Pour les touristes, les services sont réduits au minimum. Sur les haltes routières, c'est au pied, et surtout derrière un arbre qu'il faut payer tribu à dame nature! La pêche se fait au moyen de carrelets, filets de pêche carrés montés sur deux cerceaux croisés suspendus à une perche. On ramène le filet à fleur d'eau et, manuellement, on y retire le poisson retenu par les mailles.

Bombay (ou Mumbai)

Bombay, c'est la porte de l'Inde. Cette ville portuaire de près de 13 000 000 habitants possède plusieurs industries textiles, mécaniques et chimiques. Au XVIIe s., elle était le principal comptoir anglais et, au XIXe s., l'une des capitales de l'Inde britannique. On y retrouve un important musée.

Bombay est une ville moderne qui abrite un très grand port. Les marchés publics se retrouvent un peu partout tout au long des rues. La cueillette du coton, plus de 6 000 000 de tonnes, est l'une des activités importantes. Les fleurs sont cueillies par les jeunes filles qui terminent leur journée de travail les mains en sang, chacune des fleurs étant protégée par de petites épines. La gastronomie indienne est constituée de mets très épicés, surtout à cause du piment qu'on y ajoute, souvent pour masquer l'odeur ou le goût dû au manque de fraîcheur de certains ingrédients de base.

On y retrouve des temples souterrains immenses, sculptés à l'intérieur de la montagne. C'est un spectacle inouï qui démontre l'imagination, l'énergie et le courage de ces constructeurs.

New Delhi et Delhi

Dehli est une ancienne ville hindoue, capitale des États musulmans de l'Inde du Nord du XIIIe au XIXe s.. Présentement, elle est la capitale fédérale de l'Inde et est englobée dans l'espace urbain de Delhi, qui est la capitale du territoire de Delhi. C'est un peu comme si Ottawa était au centre de Toronto. Sa population approche les 10 000 000 d'habitants, la troisième plus grande ville du pays. On y retrouve de nombreux monuments dont la colonne de fer (IVe s.), de remarquables édifices de style indo-musulman (XIII-XVIe s.), dont le Qutb minar; c'est aussi un haut lieu de l'architecture moghole (mausolée d'Humayun (1564), Fort-Rouge (1639-1647), Grande Mosquée (1644-1658). Cette mosquée a été détruite par un tremblement de terre, mais le minaret, l'un des plus beau, est demeuré intact. Un mausolée y a été érigé en hommage à Gandhi. L'art a parfois rendu hommage à la sensualité, à l'érotisme. Sur plus de 80 temples qui étalaient des centaines de milliers de personnages dans des postures plus que suggestives, il n'en reste que 17.

Château Frontenac à QuébecC'est à Agra, ville située à quelque 200 km au sud de Delhi, que se trouve le Tadj Mahall (ou Taj Mahal) l'une des plus belles œuvres de l'architecture moghole. Il fut construit en marbre blanc incrusté de pierres de couleurs par l'empereur Chah Djahan pour célébrer la mémoire de son épouse Mumtaz Mahall. Sa construction remonte au XVIIe s.

Bénarès (ou Varanasi)

Quand on parle de Bénarès, on pense immédiatement au Gange où affluent des millions de pèlerins chaque année. Elle est l'une des sept villes saintes de l'hindouisme, avec une population de plus de 1 000 000 d'habitants. Cette ville est aussi sacrée pour les bouddhistes en souvenir des premiers sermons que le bouddha y prononça. Contrairement à ce que l'on croit généralement, bouddha n'est pas un dieu, mais un prince indou. Réfugié dans les montagnes pour se recueillir, il y médita longuement et le fruit de cette réflexion se traduisit par la création du bouddhisme comme moyen de soulager la misère humaine.

Le Gange, ce fleuve dans lequel les pèlerins se plongent de préférence avant le lever du soleil est l'un des cours d'eau les plus pollués. On y lave son linge et, souvent, il sert de lieu de crémation.

L'Inde est un pays qui rappelle la vie, qui laisse entrevoir la grande spiritualité qui caractérise ses habitants. Par ailleurs, la pauvreté côtoie l'opulence. Mais Ghandi ne disait-il pas « Nous sommes les enfants de Dieu.  » Au plan économique, l'Inde est un pays qui évolue beaucoup. C'est le plus grand producteur cinématographique. Avec son 1 300 000 000 habitants, l'économie mondiale devra tenir compte de cette évolution et s'adapter avec ce grand pays comme elle le fait avec la Chine.

Malgré les 90 minutes que dura cette causerie, nous sommes restés sur notre appétit car il y a tant à apprendre et, surtout, la compétence de Louise ne nous laissait pas le choix de ne pas en demander plus. La seule consolation, c'est que nous pouvons espérer que Louise nous reviendra l'an prochain avec une autre sujet sûrement aussi intéressant et, avis aux absents, soyez là l'an prochain car vous ne savez pas ce que vous avez manqué.

 

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Mise à jour 26 juin 2008

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