par Jean-Claude Caron (membre N° 340)
En ce dernier dimanche de janvier 2006, le soleil est au rendez-vous. C'est par les souhaits de circonstance que le président Florent accueille les quelques 50 convives en ce début d'année. Le nouveau restaurant Le Griffé du Four Points Sheraton, dont un Robitaille est copropriétaire, nous accueille comme on accueille les Robitaille, avec FIERTÉ.
C'est au cours de ce dîner que notre commandeur, René de Québec, nous entretient d'un sujet qui lui tient à cur depuis près de 20 ans, la recherche du tombeau de Champlain.
C'est un sujet passionnant et fort discuté non seulement par les spécialistes mais aussi par les non initiés. Il n'est pas facile, après près de 400 ans, de retracer les vestiges d'un tombeau dont on ignore autant la nature que l'emplacement.
Tous les efforts consentis jusqu'à maintenant n'ont rien donné. Certaines hypothèses parmi les dix-sept avancées depuis 1866 ont même rendu ridicules les personnes qui les avaient formulées. Un certain rapport commandé par la Ville de Québec pour un montant de 14 000 $ apporte une conclusion plutôt négative sur la sépulture de Champlain. En 1998, la Ville a payé la somme de 5 000 $ afin de fouiller l'endroit où René croyait déceler le tombeau. Or le rapport produit porte sur un tout autre endroit que celui où l'on devait faire la fouille et le rapport est également négatif.
Notre ami René ne se considère pas encore battu. C'est un ingénieur qui a une vaste expérience dans le domaine de la construction, des sols et des fondations. La théorie qu'il défend est basée sur un plan de la Ville de Québec daté de 1640. Mais ce plan est contesté ou même ignoré par plusieurs chercheurs qui ont uvré jusqu'à ce jour. Leur argumentation est que sur ce dit plan de 1640 apparaissent des constructions qui sont postérieures à cette date. À ceux-là, René réplique que ce plan est évolutif dans le temps, c'est-à-dire qu'il est « mis à jour », comme on le fait de nos jours pour tout plan d'aménagement. Les diverses recherches effectuées semblent lui donner raison.
Le plan dont il est fait mention est une copie certifiée et dessinée par l'arpenteur Pierre Louis Morin vers 1860 suivant un original conçu par l'ingénieur du Roi, Jean Bourdon, entre 1636 et 1668. L'original de Bourdon est introuvable malgré de nombreuses recherches.
René a comparé plusieurs plans de la petite église (A) pour se rendre compte que le transept correspond à la première travée de la cathédrale, c'est-à-dire à la cinquième fenêtre depuis le clocher. La superposition de ce plan de 1640 au plan actuel montre une concordance évidente entre les deux plans pour l'église (A), le presbytère (C) et les autres bâtiments (D), (E), (F), etc.
René mentionne aussi que « les Relations des Jésuites » , par le Père Le Jeune, nous informent que Champlain repose dans un « sépulchre particulier ». En 1642, le Père Charles Rimbault a été placé à côté de celui de Champlain et en 1641, le registre des décès de Notre-Damede-Québec indique que M. Ré de Gand les accompagne dans ce « sépulcre particulier » creusé sous la chapelle Champlain (B).
C'est à l'occasion des fouilles archéologiques de 1992 que René a remarqué un vide au niveau du roc de schiste argileux exactement à l'endroit où la chapelle Champlain (B) est indiquée sur ce plan de 1640. Et René croit que le sépulcre particulier de Champlain a été creusé dans ce roc friable, parce qu'il n'y avait pas assez de terre à cet endroit au-dessus du roc au temps de Champlain. Malheureusement, la fouille archéologique était terminée, le tout fut remblayé le lendemain, et il fut alors impossible de vérifier la raison de ce vide qui pouvait très bien être le toit de ce sépulcre particulier de Champlain. Il faudra donc recommencer à creuser au même endroit pour trouver sans doute la dépouille du fondateur de Québec. Notons que ce vide a été remarqué par quatre autres personnes dont René Lévesque, archéologue amateur.
Tout ce travail de recherche de René a été publié dans une brochure intitulée La naissance d'une ville, le plan de Québec, 1640 : son authenticité, rédigée avec la collaboration de la Société St-Jean-Baptiste de Québec en 2004.
Toutes ces explications ont été accompagnées de proje ctions sur acétates, illustrant des documents, des plans ou des sections agrandies de plans, ainsi que la consultation d'études effectuées sur le sujet.
L'enthousiasme du conférencier n'a laissé personne insensible à sa cause. Le grand nombre de questions en provenance de l'assistance le prouvent facilement.
Nous lui souhaitons donc bonne chance, sa dernière comme il dit, puisque, après toutes ces années de recherches, c'est la dernière hypothèse réaliste.
L'activité se termine par un tirage de nombreux prix de présence, générosité de plusieurs donateurs.
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